Matières premières critiques : l’Europe réaffirme l’importance d’une plus grande souveraineté
Dans un contexte économique et géopolitique marqué par une envolée des prix de l’énergie et des tensions sur les chaînes d’approvisionnement, l’Europe a défini de nouvelles mesures pour réduire sa dépendance aux importations de certaines matières premières. Une stratégie déterminante pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050.
Cuivre, nickel, aluminium, cobalt, manganèse…. Le 16 mars 2023, la Commission européenne a mis à jour la liste des 34 matières premières indispensables aux secteurs stratégiques de l’UE comme l’énergie, le numérique ou la défense. Elle a également dévoilé sa stratégie pour sécuriser l’approvisionnement de ces matériaux, intitulée « European Raw Materials Act » (en parallèle du Net Zero Industry Act).
Il s’agit notamment d’encourager les projets industriels les plus vertueux sur le sol européen en facilitant l’accès aux sources de financement et en simplifiant les procédures. Des objectifs chiffrés en termes d’extraction, de raffinage et de recyclage à horizon 2030 ont également été annoncés.
Le lithium, un matériau essentiel pour la transition énergétique
Dans son rapport, l’European Raw Materials Act détaille la liste officielle des matériaux considérés comme « critiques ». La criticité s'exprime selon deux axes : la probabilité de perturbations sur la chaîne d’approvisionnement de la substance et la vulnérabilité du système face à ces aléas. Le lithium répond à ces deux critères. Or, la fabrication de batteries de véhicules électriques s’appuie essentiellement sur la technologie Lithium-ion. Ce matériau occupe donc une place essentielle dans la démarche de transition énergétique de l’Union européenne (UE). Même si la décarbonation de nos économies passe également par une évolution de nos modes de mobilités (recours aux vélos, aux transports collectifs...), la forte conversion du thermique vers l’électrique en Europe (70 % des ventes en 2030) devrait multiplier par 10 la demande en lithium à cet horizon.
Il est donc urgent d’agir : pour ses approvisionnements en lithium raffiné, le Vieux-Continent dépend aujourd’hui quasi totalement des importations , en provenance notamment de Chine. Il souffre en effet du manque d’infrastructures d’extraction et de raffinage sur son sol. Pour pouvoir respecter son objectif de neutralité carbone à horizon 2050, l’UE doit sécuriser les modes d’approvisionnement et de transformation de tous les matériaux nécessaires à la stratégie de transition énergétique, aussi bien aux plans économique qu’environnemental et social.
La mise en place impérative d’une industrie locale
L’European Raw Materials Act le réaffirme d’ailleurs clairement : pour que l’Europe puisse bénéficier d’un approvisionnement sûr et durable en matières premières critiques, la mise en place sur son territoire d’un écosystème industriel dédié est cruciale. EMILI, le projet d’exploitation de lithium annoncé par Imerys sur son site de Beauvoir (Allier) s’inscrit totalement dans cette lignée. Conçu selon le référentiel international minier IRMA, ce projet respectueux du territoire et de l’environnement contribuera à la création d'une filière européenne intégrée de la batterie pour véhicules électriques en proposant une solution locale pour l’approvisionnement en lithium. Soutenu par le Gouvernement dans le cadre de France 2030, EMILI devrait permettre d’alimenter l’équivalent de près de 700 000 batteries de véhicules électriques par an à partir de 2028.